Dans une fratrie composée de filles, Souleymane dit Solo qui vit le jour en 1993, était ce premier garçon tant attendu. Robuste dès sa naissance, Solo était un enfant joyeux, il s’amusait tout le temps sans se fatiguer et venait toujours au secours de sa grande sœur cadette, Massely : je me revoyais en lui car j’étais exactement pareil à son âge.

En 1997, nous nous sommes installés dans notre maison située dans le quartier résidentiel de Baco-djicoronie ACI, où j'ai accueilli certains de mes frères et neveux. Peu de temps après, il a commencé à manquer de place à la maison, ce qui nécessitait la construction de chambres supplémentaires. Le chantier fut lancé avec une équipe de maçons qui travaillaient un peu trop vite pour des travaux d'une telle envergure, cependant, nous étions enfin chez nous. Dans une maison pleine de vie et de projets pour l'avenir qui s’assombrit, ce jour où un mur du chantier s'écrasa sur mon garçon. Dans un état critique mais toujours vivant, ma femme et les voisins ont amené Solo à l’hôpital le plus proche. À partir de là, commence une spirale insupportable sous les conseils peu professionnels des personnels médicaux : celle de renvoyer l'enfant à l’hôpital suivant au lieu de lui prodiguer les soins intensifs d'urgence. Ils ont fini au CHU Gabriel Touré qui n’est pas l’hôpital le plus proche de la maison. Leur arrivée coïncida avec le décès de l'enfant qui succomba à ses blessures, faute d'une bonne prise en charge, face à une situation dans laquelle, chaque minute compte.

Mon lien avec Solo était très particulier, tout le monde pensait qu’il était mon grand frère ou mon frère jumeau, car notre Père avait l’habitude de nous acheter les mêmes vêtements, fille comme garçon. Le jour du drame, je me souviens de son maillot de football que Papa lui a offert. Avant de repartir au travail, il nous a demandé de rester dans le salon pour éviter tout contact avec le chantier.

Quelque instant après son départ, nous avons entendu un bruit assourdissant suivi d’un tremblement de terre qui nous a fait très peur. En sortant du salon pour constater les dégâts, nous avons vu un mur de brique brisé autour de deux maçons grièvement blessés. Sous les décombres gisait Solo qui était dans un état méconnaissable. J'ai vu notre Mère en sanglot, je ne comprenais pas trop la situation à cause de mon jeune âge. Nos voisins sont arrivés puis nous avons été éloignés du lieu de l'accident.

Le soir au retour de mes parents, ma Mère était toujours en sanglot et mon père la consolait. Avant, nous étions 4 enfants, à partir de ce soir là, j'ai compris que nous sommes trois : Fatoumata, moi et Soumaïla mon deuxième petit frère, il manquait Souleymane. Aucun d’entre nous n’a osé demander où il se trouvait. Je crois que mon père nous a juste dit qu’il était à l’hôpital. J’ai compris qu’il n’allait plus revenir à la maison avec nous et qu’il avait été inhumé au cimetière de Baco-djicoronie ACI, à 100 mètres de nous, afin de garder cette proximité pour toujours.

Massely SAMAKÉ, Présidente de SOS SOLO Santé Mali